English(c) vs Bram vs Batista vs Hendry vs Miz

Sur la route vers le prochain show, Aiden est pensif. Son chauffeur poursuit son chemin, monotone. La route fait partie de la vie d’English, de son quotidien, et ce depuis qu’il est devenu un lutteur professionnel. Depuis toujours. Tous les jours, plusieurs heures par jour, Aiden English devient comme le commun des mortels. Porté par son véhicule, à la même vitesse que monsieur-tout-le-monde, avec les mêmes contraintes que monsieur-tout-le-monde, Aiden se sent terrien. Certes, il est la plupart du temps une sorte de version améliorée de l’être humain classique, une sorte de représentation actuelle de tout ce que le passé a pu donner de beau. Il porte sur ses épaules une époque perdue, des générations passées, globalement dotées de gens intelligents, doués. Il est l’expression corporelle d’une réminiscence nécessaire à la société actuelle. Par sa présence, Aiden est la lumière qui veut nous rappeler que cette époque est corrompue par le futil. Il veut nous rappeler qu’à l’époque, la Une des journaux ne mentionne pas “Braquage de bijoux de Kim Kardashian” mais “Jaurès assassiné” ou encore “J’accuse…!”. Les médias parlaient politique, justice, économie, conflits mondiaux. Ils parlent aujourd’hui “politique”, people, réseaux sociaux. Voici l’aurore. The Artist a passé la majeure partie de la nuit sur la route et a peu dormi. Aiden ne se sent pas à sa place dans un monde comme celui-ci, la futilité ambiante le pousse à se sentir plus grand que la populace. Mais il y a bien un moment où il se rend compte qu’il n’est qu’un homme, qu’il est comme ses contemporains, où il se sent terrien. Ce moment, c’est à l’aurore, sur la route.


Les premières lueurs sont là, le sommeil est léger. La première chose que voit Aiden n’est pas le doux visage de son épouse mais un panneau publicitaire d’une vulgarité inouïe et c’est bien cela qui lui ramène les pieds sur terre. On ne peut pas tricher avec la distance et tout cela pèse sur lui. C’est peut-être la raison pour laquelle il s’attendrit avec les fans. Il trouve peut-être en eux une chaleur, une affection, certainement infime, mais qui lui convient dans des moments comme celui-ci. Pourtant, tout lui sourit actuellement, et fort heureusement, le fait de s’appuyer sur un public lui permet d’oublier ces moments et d’être encore plus en forme sur le ring. Il a sa ceinture, son plus grand rival est écarté pour un temps, Aiden English est en plein boom.


Le véhicule d’Aiden s’arrête finalement à quelques rues du lieu du prochain show, juste à côté d’une salle d'entraînement. C’est ici qu’Aiden fera ses premiers exercices de la journée. Aiden ne s’entraîne pas spécifiquement pour le prochain CyberSlam, il préfère conserver une continuité et ne pas perturber son corps en durcissant le travail à l’approche des grands rendez-vous. English ne fonctionne pas de cette manière, il préfère voir les choses dans leur globalité. Et quand bien même il voudrait durcir ses efforts, il n’aura jamais la musculature d’un Bram ou d’un Batista. Sa force est ailleurs. Sa force réside notamment dans le fait qu’il est ce qui se fait de mieux en matière d’athlète complet. Son physique correspond parfaitement à ses facultés in-ring, il allie vitesse et puissance, il représente l’équilibre physique le plus parfait, doublé d’un mental d’acier et d’une intelligence inégalée dans le milieu. Sportivement et psychologiquement, aucune autre superstar masculine du roster de l’EPW ne rivalise. Il est l’homme qui a flouté les limites entre le titre TV et le titre Extreme : depuis qu’il a battu le champion actuel, qui est capable de dire quel titre possède le plus de prestige ? Le champion fait la ceinture et non l’inverse, et Aiden English aura eu l’ardeur de bousculer les normes. Il a vaincu Petey Williams comme il vaincra Bram, Batista, Hendry et le Miz : avec brio. Ce fut peut-être une surprise pour beaucoup, mais de la même manière, le fait de voir English ressortir avec la ceinture lors de ce PPV pourra surprendre car les conditions de son match sont inédite et infernale. Inédite comme l’était la remise de titre en cage à Fury contre The Hurricane, le premier match du Vaudevillain en cage au sein de l’EPW, qu’il a remporté avec éclat, dans l’alacrité la plus totale de voir le visage déconfit du super héros. Infernale comme l’était sa confrontation chtonienne avec le champion Extreme, dans un Inferno match des plus effroyable. C’est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle les fans de l’EPW commencent à aimer Aiden. Malgré son arrogance, son côté marginal, le public apprécie les gens qui bousculent l’ordre établi. En se projetant, ils s’identifient à lui et se mettent inconsciemment à l’encourager.


L’entraînement d’Aiden s’achève. Il est encore très tôt, la salle est vide. La prochaine grande étape sera son Gauntlet match dont l’une des clés pourrait être l’endurance. Avec ce type d’organisation de session d’entraînements, English se présente comme certainement le plus préparé des lutteurs impliqués dans le match. Le natif de Chicago retrouve son chauffeur à l’extérieur. Prochaine étape : CyberSlam.